Assurance santé

Décret Barnier : les médecins dénoncent une atteinte au secret médical

  • Comparez gratuitement le panel le plus large du marché en 3 minutes
  • 618€ d'économie moyenne sur votre assurance santé*
layers
8 millions d'offres

Plus de 8 millions d'offres proposées chaque année

Le décret signé par Michel Barnier impose désormais aux médecins d'indiquer sur les ordonnances la pathologie du patient afin de justifier la prescription du médicament concerné. Les médecins indignés, réclament sa suspension.

Une atteinte au secret médical

Ce décret s'inscrit dans le prolongement de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, qui prévoit que le remboursement d'un médicament ou d'un soin puisse dépendre de la transmission par le prescripteur d'informations précisant les circonstances de son utilisation.

Signé par le Premier ministre Michel Barnier, le texte stipule que ces éléments doivent être inscrits soit directement sur l'ordonnance, soit sur un document spécifique annexé à celle-ci, comme le précise le Journal officiel. Désormais, la prise en charge de certains médicaments par l'Assurance-maladie sera conditionnée à ces informations, notamment l'indication de la pathologie du patient.

Cette évolution, justifiée par des objectifs de transparence et de contrôle, une mesure qui soulève une vive controverse dans le milieu médical, certains y voyant une atteinte directe au secret médical.

Cette colère est partagée par de nombreux praticiens. "Nos concitoyens souffrent du manque de médecins partout, et voilà ce que le gouvernement propose : vérifier nos ordonnances et rompre le secret médical ", déplore François Vincent, pneumologue et chef de service au CHU de Limoges.

La crainte principale est que ce partage élargi dissuade certains patients de divulguer des informations sensibles ou de consulter leur médecin. "Sans une garantie de confidentialité totale, beaucoup pourraient hésiter à aborder des sujets médicaux cruciaux", avertit un médecin généraliste. En dégradant la qualité de la relation thérapeutique, cette réforme pourrait à terme affecter gravement la santé publique.

bloc-cta-sante
Votre mutuelle santé à partir de 4,87€ par mois

Grâce à Assurland.com, comparez gratuitement vos assurances personnelles en quelques minutes pour être protégé au meilleur prix !

Une augmentation de la charge de travail pour les médecins

En plus des enjeux éthiques, les professionnels de santé dénoncent une augmentation significative de leur charge de travail. Le décret introduit en effet une obligation pour les médecins de mettre à jour régulièrement les ordonnances dans une plateforme centralisée, sous peine de sanction.

Cette mesure est perçue comme une contrainte supplémentaire, dans un contexte où les praticiens travaillent déjà sous forte pression. "Cette exigence est perçue comme une surcharge de travail pour des praticiens déjà confrontés à des emplois du temps chargés", notent les représentants syndicaux, évoquant une menace pour l'équilibre professionnel et personnel des médecins.

Les organisations médicales alertent également sur le risque de burn-out dans une profession où les démissions et les reconversions sont en hausse. "Chaque minute passée à gérer une plateforme est une minute de moins consacrée aux patients", s'indigne un cardiologue parisien, qui estime que ce texte pourrait aggraver les tensions dans des hôpitaux déjà en crise.

Quel impact sur la qualité des soins ?

Au-delà de la charge de travail, les médecins craignent que cette réforme ne compromette la qualité des soins prodigués. La centralisation des données et l'accès élargi aux ordonnances font peser un risque d'erreurs médicales, notamment si ces informations sont mal interprétées par des professionnels ne connaissant pas le dossier du patient.

"La centralisation des ordonnances et l'accès élargi aux données médicales pourraient entraîner des erreurs ou des malentendus", mettent en garde les professionnels. Une mauvaise interprétation des prescriptions pourrait non seulement retarder les traitements, mais aussi mettre directement en danger la vie des patients.

Par ailleurs, l'alourdissement des contraintes administratives pourrait réduire encore davantage le temps consacré aux consultations. Pour les pathologies complexes ou chroniques, ce temps d'échange est pourtant essentiel. "Une médecine administrative n'a jamais guéri personne", ironise un médecin hospitalier.

Pour l'instant, aucune liste précise des molécules concernées par les nouvelles mesures encadrant la prescription de médicaments n'a été publiée au Journal officiel. Toutefois, Thomas Fatôme, directeur de l'Assurance-maladie, a déjà évoqué devant les sénateurs des cibles prioritaires : les antidiabétiques de la famille des GLP-1, comme l'Ozempic ou le Trulicity. Ces traitements, initialement conçus pour les patients diabétiques, suscitent un intérêt croissant en raison de leurs effets potentiels sur d'autres pathologies, notamment l'obésité.

Zoé Dupey
Rédigé par Zoé Dupey

Dernière mise à jour : le 12/11/2024

Découvrir l'équipe rédactionnelle