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Dans son bilan 2022, France assureurs souligne la bonne santé de l’assurance vie. Il faut dire qu’après plusieurs années de taux en berne, ce placement qui concerne près de la moitié des ménages redevient intéressant. Mais la concurrence est forte avec les autres solutions d’épargne.
L’assurance vie retrouve des couleurs. Malgré les incertitudes, le produit d’épargne préféré des Français (en termes d’encours, non de souscripteurs) semble enfin se relever de la crise Covid. En 2020 et 2021, les produits d’assurance vie n’avaient en effet pas profité du trésor de guerre accumulé par les Français : 175 milliards d’euros sur deux ans, selon la Banque de France.
Quand l’avenir devient incertain, les ménages ont tendance à laisser leurs économies sur leurs comptes courants ou leurs livrets, où elles restent "à vue" en cas de coup dur. À l’inverse, l’assurance vie s’apparente dans ces situations à un placement à long terme, moins liquide, c’est-à-dire plus coûteux et difficile à retirer. Les bas de laine déposés depuis moins de quatre ans sur une assurance vie sont taxés à 35 % quand ils sont récupérés. Sans parler des frais de sortie.
Ainsi, en 2020, la collecte nette de l’assurance vie s’est retrouvée négative pour la deuxième fois de son histoire : les assureurs ont versé davantage de prestations à leurs épargnants qu’ils n’ont reçu de cotisations. Au contraire, les livrets A et LDDS ont, eux aussi, établi un record, avec un encours inédit de 448,3 milliards d’euros.
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Après une année de rattrapage, note France assureurs dans son bilan annuel, les cotisations en assurance vie ont finalement retrouvé leur niveau pré-pandémie, alors que "la constitution d’épargne des ménages français s’est légèrement ralentie en 2022 par rapport aux années 2021 et 2020", souligne le rapport de l’ACPR.
Mais comment expliquer ce retour à la normale, tandis que l’inquiétude sanitaire semble seulement avoir laissé sa place à celles liées à la guerre en Ukraine, et à son corollaire financier, l’inflation ? Dans son bilan annuel, la fédération professionnelle des assureurs rappelle que les Français ne se sont jamais sentis si vulnérables face aux risques (à 77 % face au risque géopolitique, et à 74 % face au risque économique).
C’est que certaines mauvaises nouvelles pour l’économie peuvent être bonnes pour les épargnants. La remontée des taux d’intérêt, conséquence de la hausse durable et généralisée des prix à la consommation, contribue à relever les rendements de l’assurance vie. Toujours selon France assureurs, le rendement moyen des fonds euros, pourtant moins rémunérateurs que les supports en unités de compte, est passé de 1,30 % à 2 % l’année dernière (avant prélèvements sociaux et fiscalité).
Pour Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne, un autre facteur a été déterminant : la hausse du taux d’intérêt versé sur le livret A. "L’autre grande rupture de 2022, c’est que nous nous sommes retrouvés avec un rendement de l’assurance vie inférieur ou égal à celui du livret A. Fiscalité déduite, la première affichait environ 1,30 % de rendement, alors que le second voyait sa rémunération remonter à 2 %".
Avec un taux d’intérêt désormais à 3 % (son plus haut niveau depuis 2008), le livret A a contraint les assureurs à revoir leurs offres à la hausse. Il faut dire qu’en 2020, ils avaient perdu du terrain face aux livrets rémunérés alors qu’ils ne proposaient que 0,5 % d’intérêts. Toutefois, selon Philippe Crevel, il faudra attendre 2024 pour sentir un vrai effet haussier sur les taux, "qui se fera progressivement ".
Il est cependant urgent d’agir, car les assureurs vie subissent aussi une autre concurrence : celle des nouveaux PER, lancés en pleine crise Covid, fin 2020. "Les PER invenduels assurantiels, qui intègrent, eux aussi, des fonds en euros, se portent bien", confirme Thomas Ducorps, directeur Épargne-Retraite chez Verspieren. En 2022, selon France assureurs, ils ont séduit 1,3 million de nouveaux assurés, "avec des taux souvent supérieurs aux assurances vie", ajoute-t-il.
Pour l’heure, et pour ne pas risquer de perdre la main, les taux proposés sur les assurances vie, en particulier sur les fonds euros, sont financés par les assureurs. Ils écoulent pour ce faire leur provision pour participation aux bénéfices (PPB). Cette réserve doit être distribuée aux épargnants, mais les assureurs ont le droit de différer son versement sur une période de huit ans. D’où le fait que les meilleurs taux distribués sur les fonds euros soient le fait des bancassureurs : ce sont eux qui avaient cumulé le plus de provisions sur les dernières années.
Au-delà des taux, les compagnies d’assurance ont également tendance à se montrer généreuses ces derniers mois : frais d’entrée ou sur les versements offerts, bonus à la souscription, etc. Le but ? Écouler leurs vieilles obligations au plus vite pour les remplacer par les nouvelles, qui ont bénéficié de la hausse des taux d’intérêts.
Il peut donc être très intéressant en ce moment pour les épargnants de faire jouer la concurrence pour obtenir les meilleures conditions de placements pour leur capital. Sans pour autant faire un choix tranché, "PER et assurance vie se complètent très bien", assure Thomas Ducorps, "sans se faire concurrence". Même quand il est en or, il ne faut n'est peut-être pas judicieux de mettre tous ses œufs dans le même panier.
Dernière mise à jour : le 24/05/2023