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Pour la deuxième année consécutive, l'institut CSA a interrogé, en coopération avec l'assureur Allianz, 10 000 Français sur leur perception des Zones à Faibles Émissions (ZFE). L'échéance se fait de plus en plus pressante, puisque dans les métropoles concernées (Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Reims et Saint-Étienne), c'est 40 % du parc automobile qui devra être renouvelé dans moins de deux ans. Les véhicules Crit’Air 3, 4, 5 ne pourront plus rouler dans 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici début 2025. Pour évoquer les problèmes posés par cette transition brutale, nous avons rencontré Xavier Terryn, de l'institut d'étude CSA.
Il y a effectivement une pression du calendrier. Les échéances se rapprochent, en particulier la principale : à compter du 1er janvier 2025, tous les véhicules Crit’Air 3, 4 et 5 ne pourront plus rouler dans les ZFE, et les véhicules Crit’Air 2 ne pourront plus rouler en Ile-de-France. À Lyon, cette mesure a été décalée en 2028, ce qui laisse entendre qu’il y a un problème, et que les échéances arrivent trop vite. Par exemple, les véhicules Crit’Air 2 ne sont pas extrêmement anciens, ce sont véhicules essence mis en circulation entre 2006 et 2010 ou des diesels à partir de 2011.
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Dans les faits, plus l'échéance approche et plus la connaissance progresse, mais aujourd’hui seuls 51 % des Français peuvent nous donner la bonne définition d’une ZFE. Ce qui laisse une moitié sur le côté. Et si on regarde les individus impactés par les ZFE, 52 % en donnent bonne définition. Donc, même concernés, on n’est pas mieux renseignés !
En 2023, 51 % des Français se déclarent favorables aux ZFE, soit un recul de 6 points par rapport à notre étude précédente (57 % en 2022). On a un niveau de connaissance qui progresse, mais dans le même temps une défiance qui augmente également, car les automobilistes prennent conscience qu’ils vont être concernés.
Et parmi les 49 % de réfractaires, plus ils possèdent une voiture polluante, plus ils sont opposés aux ZFE. Par exemple, parmi les propriétaires d’un véhicule Crit’Air 4 et 5, la proportion monte à 62 %. Cette population réalise qu’elle ne pourra plus aller en centre-ville avec sa voiture. C’est un vrai problème pour ceux qui conduisent des véhicules assez anciens avec une vraie valeur d’usage alors qu’ils ne valent plus grand chose à la revente.
"36 % des Français impactés n’ont pas un centime pour acheter un véhicule compatible neuf ou d'occasion, qu’il s’agisse d’une voiture électrique ou d’une essence très récente [...] Plus d'un tiers des répondants n'a pas les moyens de changer de véhicule."
Oui, et c’est tout le problème. Dans notre enquête, nous demandons aussi le budget disponible pour acheter un véhicule compatible avec les ZFE. 36 % des Français impactés n’ont pas un centime pour acheter un véhicule compatible neuf ou d'occasion, qu’il s’agisse d’une voiture électrique ou d’une essence très récente. Dans le détail, 28 % des concernés peuvent aller jusqu'à 6 000 euros, 19 % entre 11 500 et 20 000 euros et 17 % seulement plus de 20 000 euros. Mais on retiendra surtout que plus d'un tiers des répondants n'a pas les moyens de changer de véhicule.
C’est tout à fait cela. Si on regarde dans le détail, les personnes disposant d’un véhicule Crit’Air 4 et 5 sont 41 % à déclarer n’avoir aucun budget pour se mettre à niveau. L’obligation de changer de véhicule se fait en effet dans une période de grande tension sur le marché auto. La pénurie de pièces et la faible disponibilité des voitures neuves font augmenter les prix sur le marché de l’occasion en particulier. On peut rappeler par exemple que le premier prix pour une voiture neuve 100 % électrique est de 20 800 euros (hors bonus) en avril 2023 (la Dacia Spring). 17 % seulement des personnes interrogées ont la capacité de mettre ce prix.
Nous formulons deux recommandations pour espérer tenir les échéances : envisager des aides supplémentaires pour les possesseurs d’un véhicule Crit’Air 4 et 5. Et, pour les Crit’Air 3, il faudra sans doute décaler la date d'entrée en vigueur des ZFE, pour que l’objectif soit tenable et socialement acceptable.
Oui, 36 % des personnes impactées par les ZFE nous disent qu’ils continueront à utiliser leur véhicule, et parmi eux, 20 % doutent que le dispositif entrera vraiment en vigueur. Le décalage de 2025 à 2028 qui a eu lieu à Lyon leur donne un peu raison. Toutefois, l’effet recherché fonctionne aussi chez certains : 33 % nous disent qu’ils pourraient avoir recours à la mobilité partagée, dont les transports en commun. Mais 17 % seulement achèteront un nouveau véhicule compatible.
Les plus favorables au ZFE sont de jeunes actifs urbains qui ont des alternatives ou qui peuvent acheter un véhicule propre. À l'opposé, ceux qui sont les plus détracteurs sont des personnes âgées de plus de 50 ans, qui habitent dans de petites agglomérations ou en zones rurales, et qui ont un besoin impératif de se déplacer en voiture. Et les plus favorables sont aussi les mieux informés. Le phénomène est très générationnel. Les 18-24 ans se disent suffisamment informés à 63 %. Ils ne sont que 37 % en moyenne, tous âges et profils confondus.
À partir du 1er janvier 2025, tous les véhicules Crit’Air 3, 4 et 5 ne pourront plus rouler dans les ZFE (Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Reims et Saint-Étienne) et les véhicules Crit’Air 2 ne pourront plus rouler en Ile-de-France.
Dernière mise à jour : le 08/10/2024
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